Aménager sa maison quand la mobilité diminue : solutions concrètes pour un quotidien serein

13 juin 2025

Pourquoi l’accessibilité du logement devient essentielle avec l’âge

Voyons les choses telles qu’elles sont : le logement, c’est souvent le cœur de la vie après 60 ans. En Charente comme ailleurs, 85 % des personnes âgées souhaitent rester chez elles le plus longtemps possible (source : INSEE). Pourtant, 2 logements sur 3 n’y sont pas adaptés (source : CNSA).

La perte de mobilité peut arriver progressivement ou à la suite d’un accident, d’une maladie. Monter une marche devient difficile, on hésite devant la baignoire, on craint de glisser à la salle de bain. Alors, anticiper, c’est préserver son autonomie, sa sécurité… et son plaisir de vivre chez soi.

Dans notre belle région, le bâti ancien réserve parfois bien des surprises : étroitesse, seuils hauts, escaliers raides… Mais il existe des solutions à la portée de tous et pour tous les budgets.

Les risques d’un logement non adapté : mieux vaut prévenir que guérir

  • Chutes : 50 % des accidents domestiques graves chez les plus de 65 ans sont dus à des chutes (source : Santé Publique France).
  • Perte d’autonomie précoce : Un logement difficile favorise la dépendance prématurée.
  • Isolement social : Des difficultés à se déplacer ou à accueillir des amis réduisent les liens sociaux.

De simples changements peuvent casser ce cercle vicieux et sécuriser le quotidien.

Adapter son logement pièce par pièce

L’entrée et les accès principaux

  • Éclairage automatique : Pour ne plus chercher l’interrupteur dans le noir, installer des détecteurs de mouvement.
  • Suppression des marches : Installer une rampe ou une petite pente douce est souvent le premier geste utile, surtout dans les maisons charentaises où une marche sépare parfois trottoir et seuil.
  • Barre d’appui : Positionner une poignée solide à l’entrée rassure et limite les risques de chute.

Le séjour et les espaces de vie

  • Circulation dégagée : Éviter les tapis glissants, déplacer les meubles gênants. Les aides techniques comme les cannes doivent pouvoir se faufiler sans encombre.
  • Hauteur des sièges : Opter pour des fauteuils et chaises avec accoudoirs, d’une hauteur adaptée (environ 45-50 cm pour faciliter le lever).
  • Appareils domotiques simples : Prises commandées à distance, volets roulants électriques, éclairages pilotés par la voix : aujourd’hui, la domotique est accessible et peut être une aide précieuse (liste consultable sur service-public.fr).

La cuisine

  • Meubles bas : Privilégier les placards et tiroirs accessibles, éviter d’avoir à grimper sur un escabeau (le risque de chute est alors multiplié par 4, source : Assurance Maladie).
  • Évier et plaques à bonne hauteur : Une hauteur de 85 à 90 cm est recommandée.
  • Robinets à levier : Plus simples à actionner qu’un mélangeur traditionnel.

La salle de bain : cœur des dangers

  • Douche de plain-pied : 90 % des accidents graves des seniors ont lieu dans cette pièce (source : Ministère de la Santé). La douche italienne, antidérapante, c’est le changement qui bouleverse tout. Pour les petits budgets, il existe des bacs ultra-plats adaptés.
  • Barres d’appui : À proximité de la douche, des toilettes, de la baignoire.
  • Siège de douche : Solidement fixé ou à installer, il offre un vrai confort.
  • Tapis de sol antidérapants : À ne pas négliger, pour éviter les glissades.

Les toilettes

  • Hauteur adaptée : Surélever la cuvette (avec un réhausseur ou changement complet) facilite le geste.
  • Barres d’appui : Toujours à la bonne hauteur sur le côté, pour s’installer ou se relever sans crainte.

La chambre

  • Lit adapté : Un lit trop bas ou trop haut complique les levers. La hauteur “idéale” se situe entre 45 et 55 cm du sol.
  • Accès dégagé : Laisser au moins 90 cm de chaque côté.
  • Lumière accessible : Installer une lampe à portée de main ou un interrupteur au niveau du lit.

Bons réflexes à adopter au quotidien

  1. Faire régulièrement le tour de son logement : Chercher les pièces ou coins qui posent problème et lister les obstacles à supprimer.
  2. Installer ou renforcer l’éclairage : Un espace bien éclairé donne confiance dans les déplacements nocturnes.
  3. Ranger les objets du quotidien à portée de main :
  4. Garder le téléphone accessible : Installer un téléphone sans fil ou un système d’alerte en cas de chute.

Faire appel à un ergothérapeute : une aide précieuse

L’ergothérapeute est le spécialiste de l’adaptation du logement. Son œil averti repère en quelques minutes les dangers et propose des solutions sur mesure, adaptées à votre rythme de vie et à vos habitudes. Certaines consultations peuvent être prises en charge par l’Assurance Maladie : parlez-en à votre médecin traitant.

En Charente, plusieurs réseaux proposent ce type d’accompagnement, parfois gratuitement, notamment via les Points d’Information Conseil (conseil départemental, CCAS des grandes villes).

Combien ça coûte ? Les aides financières à mobiliser

  • ANAH (Agence nationale de l’habitat) : Prend en charge jusqu’à 50 % des travaux pour les personnes modestes (anah.fr).
  • Ma Prime Adapt’ : Depuis 2024, elle finance certains aménagements pour les personnes en perte d’autonomie (maprimeadapt.gouv.fr). Jusqu’à 70 % du montant des travaux.
  • Caisses de retraite, MDPH, mutuelles : Nombreuses aides spécifiques. Renseignez-vous sur pour-les-personnes-agees.gouv.fr

N’hésitez pas à solliciter votre mairie, le CIAS ou le Centre Communal d’Action Sociale pour les démarches administratives.

Des exemples concrets en Charente

À Angoulême, Françoise (71 ans) a opté pour une douche de plain-pied grâce à Ma Prime Adapt’. À Cognac, un couple a transformé leur vieille cave voutée en pièce de vie plain-pied pour éviter l’escalier. Dans nos villages, des initiatives associatives proposent des ateliers d’information et des visites conseils : l’ADMR Charente, Familles Rurales, entre autres, accompagnent les seniors dans leurs démarches (voir aussi la Maison départementale de l’autonomie).

Même avec de petits moyens, chaque geste compte : installer une deuxième rampe d’escalier, remplacer un rideau de douche par une paroi rigide, acheter un téléphone à grosses touches… Rien n’est anodin quand il s’agit de se sentir chez soi, rassuré et libre de ses mouvements.

Choisir les meilleurs artisans et partenaires

  1. Privilégier les professionnels labelisés Handibat ou Silverbat (listes accessibles sur handibat.info).
  2. Demander des devis détaillés et faire jouer la concurrence : les prix varient parfois du simple au triple.
  3. Se fier au bouche-à-oreille local, échanger avec ses voisins ou ses proches qui ont déjà réalisé ce type de travaux.

Les associations locales d’aide à domicile peuvent également orienter vers les bons contacts (liste sur charente.fr).

Oser franchir le pas du changement

Adapter son logement, c’est bien plus que des travaux : c’est un état d’esprit, celui de s’offrir un quotidien plus doux, sans renoncer à son indépendance ni à sa dignité. La Charente, terre d’entraide et de solidarité, regorge de ressources et d’initiatives pour y parvenir sereinement.

Il n’est jamais trop tôt – ni trop tard – pour se sentir en sécurité chez soi. Osez pousser la porte des permanences, interrogez votre pharmacien, parlez-en à vos proches. Les solutions existent, souvent simples, parfois belles : car un logement accessible, c’est tout sauf triste. Parfois, il suffit d’une poignée solide, d’une lumière nouvelle ou d’un siège confortable pour changer la couleur de ses jours.

Retrouvez prochainement sur le blog des portraits de Charentais qui ont franchi le pas, et de nouveaux conseils pour une retraite active et heureuse en Charente !

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