Rester chez soi ou partir en logement senior : éclairer un choix de vie

26 juin 2025

Entre racines et nouveaux horizons : pourquoi ce choix est si délicat

L’heure de la retraite ne sonne pas comme une pause figée, mais bien souvent comme une nouvelle liberté — et de nouveaux questionnements. Avec l’âge ou au fil d’aléas de santé, vient souvent le dilemme : rester dans sa maison, garder ses repères et son voisinage, ou s’installer dans un logement pensé pour les besoins des seniors ? Ce choix, intimement personnel, n’est jamais facile. Il invite à réfléchir à sa qualité de vie, à son autonomie, à ses liens familiaux et sociaux… Ce billet propose un éclairage précis pour comprendre les options, mesurer les répercussions concrètes, et repérer les bons critères, avec un regard ancré dans la Charente et ses richesses.

Rester chez soi : avantages, défis et solutions concrètes

Pourquoi le « chez-soi » reste un repère fort après 60 ans

  • Attachement au lieu de vie : Selon l’INSEE, plus de 90 % des Français âgés de plus de 65 ans souhaitent vieillir à domicile (INSEE).
  • Riche tissu relationnel : voisins, commerçants fidèles, famille proche… ce cercle favorise le bien-être psychique.
  • Souvenirs et autonomie : rester chez soi, c’est protéger ses habitudes, ses objets, ses souvenirs.

Les nouveaux visages de l’adaptation du domicile

  • Aménagement du logement : Une salle de bain avec douche à l’italienne, barres d’appui, escaliers sécurisés… L’Agence nationale de l’habitat (ANAH) propose des aides financières pour ces travaux.
  • Services à domicile : portage des repas (plus de 2 millions de bénéficiaires en France), aide-ménagère, téléassistance… Selon la Drees, 1,5 million de personnes âgées font appel à ces services (Drees).
  • Soutien local en Charente : Les CCAS d’Angoulême, Cognac, et nombre de bourgs disposent de coordinateurs seniors.

Mais l’adaptation du domicile connaît aussi ses limites. Les maisons anciennes de Charente sont parfois peu pratiques : escaliers, vastes jardins à entretenir, lourd chauffage… ou bien l’entourage est trop éloigné, et la solitude se fait sentir.

Difficultés à domicile : repérer les signaux

  • Troubles de la mobilité (chutes fréquentes ou appréhension d’escalier)
  • Tâches ménagères de plus en plus ardues
  • Isolement grandissant, ralentissement de la vie sociale
  • Éloignement des commerces et services, particulièrement présent dans nos campagnes charentaises — 22 % des seniors du département vivent à distance des services essentiels (Source : Conseil départemental 16)

Déménager en logement senior : atouts, options et réalités sur le terrain

Les grands types de logements seniors

  • Résidences autonomie : Anciennement « foyers-logements », elles proposent des appartements adaptés avec espaces communs, animations. Souvent gérées par des structures publiques ou associatives. Prix attractifs : de 900 à 1 500 € par mois en moyenne (Drees).
  • Résidences services seniors : Chambres ou appartements, généralement privés, dotés de services à la carte (conciergerie, restauration, animations). Tarifs à partir de 1 300 €, parfois bien plus.
  • Habitats inclusifs : Micro-collectifs (colocations entre seniors), projet en expansion en France (plus de 150 sites pilotes en 2023 selon le Ministère du Logement).
  • Établissements médicalisés (EHPAD) : Réservés aux situations de dépendance accrue, ce sujet n’est pas abordé ici car il concerne un autre niveau de soins et d’accompagnement.

Avantages d’un nouveau logement adapté

  • Absence de contraintes d’entretien (espaces verts, réparations, chaudière etc.)
  • Accès facile à des services (aide à la personne, restauration, animation)
  • Sécurité renforcée : présence 24h/24 du personnel, dispositifs anti-chute, alarme, etc.
  • Vie sociale recréée : ateliers partagés, sorties, fêtes… Ce point réduit fortement le sentiment d’isolement. Dans un rapport de la CNSA, 68 % des résidents notent que l’entrée en résidence a augmenté leur sociabilité (CNSA 2022).
  • Possibilité de rester en Charente, près de sa famille : de nombreuses résidences existent à Angoulême, Cognac, La Rochefoucauld, et même dans de petits bourgs (notamment l’Habitat partagé d’Aunac-sur-Charente !)

Limites et points d’attention

  • Coût à anticiper : selon le type de logement, il peut dépasser la retraite moyenne (1 609 € nets/mois selon la Drees 2022). Des aides existent (APA, APL, ASH, selon la situation).
  • Sentiment de perte d’intimité ou d’indépendance. L’entrée en résidence nécessite parfois un temps d’adaptation.
  • Offre parfois limitée dans les zones rurales de Charente : il y a encore peu de projets d’habitat inclusif hors urbain, même si la dynamique est en route (source : Mutualité française 2023).

Les critères-clés pour faire son choix sereinement

  • L'autonomie : se demander ce que l’on parvient vraiment à faire seul, aujourd’hui et pour les années à venir.
  • La santé : maladies chroniques, troubles de la mémoire, mobilité réduite.
  • L’environnement immédiat : commerces, médecin, pharmacie, transport en commun… Faciles ou non d'accès sans voiture ?
  • Le réseau social et familial : présence ou éloignement d’enfants, amis, voisins.
  • Le budget et les ressources : en calculant bien loyers, charges, aides potentielles.
  • Les envies personnelles : vie plus paisible, besoins de lien, désir (ou non) de participer à des activités collectives.

Exemple de grille de réflexion

  1. Qu’est-ce qui me pèse aujourd’hui dans mon logement ? (escaliers, solitude, gestion quotidienne…)
  2. De quels services ai-je vraiment besoin ?
  3. Ai-je déjà connu un accident domestique ou une grosse frayeur ?
  4. Pourrais-je adapter mon logement facilement et à quel coût ?
  5. Quelles options de logements adaptés sont disponibles à proximité de ma famille ou de mes lieux de vie préférés ?
  6. Ai-je pris le temps de visiter des résidences, d’en discuter, de me projeter ?

Charente : focus sur l’offre locale et les réalités du terrain

En Charente, près d’un habitant sur quatre a plus de 60 ans (“Atlas démographique de la Charente”, INSEE 2022). Cela fait de notre département un territoire pionnier sur l’habitat senior. Si l’offre connaît des progrès notables (ouverture d’une résidence autonomie à Mansle en 2023, multiplication de logements adaptés à Angoulême et Cognac), le rural reste sous-doté et les listes peuvent être longues. S'informer tôt est donc capital.

  • Résidences autonomie : Plus de 800 logements en Charente sur 19 sites, selon le Département. Certains bourgs innovent avec des lieux à taille humaine, misant sur le lien social.
  • Habitat inclusif : Fin 2023, quatre projets pilotes étaient recensés sur le territoire, avec l’appui de la Fondation Macif ou de la Mutualité Française.
  • Accompagnement : Les Maisons des Solidarités (MDAS), les CLIC, les CCAS proposent une évaluation globale de la situation, et accompagnent les démarches de demande d’aide.

Se donner du temps, se faire accompagner, garder le lien

Le passage d’un foyer de toujours à un nouveau chez-soi adapté, ou bien le choix d’adapter sa maison, n’est jamais anodin. Cela bouscule parfois l’idée que l’on se fait du « chez-soi ». Il est primordial de s’accorder du temps, de discuter avec ses proches, de rencontrer des équipes (parfois passionnées, souvent très à l’écoute), de visiter les lieux, de se projeter dans la vie quotidienne. Prendre quelques notes lors des visites, noter ses impressions, ses peurs et ses envies, aide aussi à clarifier ce qui compte vraiment.

Enfin, déménager ou rester, c’est avant tout faire le choix de bâtir un quotidien respectueux de ses besoins et de son rythme propre. Les solutions s’étoffent d’année en année, tant dans les villes charentaises que dans les campagnes. Le droit à l’information, à l’accompagnement, au plaisir de vieillir chez soi ou ailleurs, mérite d’être défendu et partagé largement.

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